Auteur : Amy
Bloom
Titre VO : Away
Traduction :
Michèle Lévy-Bram
Genre :
drame
Éditions :
Charleston
Publication :
Juin 2016
Pages : 320
Prix : 7,50€
Résumé
1924. Fuyant la Russie après le massacre de sa famille lors
d'un pogrom, Lilian Leyb, vingt-deux ans, débarque à New York. Elle loue un
demi-matelas dans un appartement surpeuplé et pouilleux du Lower East Side,
souffle un travail de couturière dans un théâtre yiddish à une file de
candidates, et, brûlant d'apprendre l'anglais, se récite des litanies de
synonymes (petit ami : soupirant, jules, roméo), tirés du thésaurus offert par
son ami Yaakov, tailleur, acteur, dramaturge – et Pygmalion.
Mais le jour où Lilian découvre que sa fille, Sophie, serait
encore en vie quelque part en Sibérie, elle n'a plus qu'une obsession : la
retrouver. Elle part, une carte de l'Ouest américain cousue dans son manteau,
pour un périple qui commence dans un réduit du train express de Chicago. Et le
conte traditionnel de l'immigrant va se métamorphoser en aventure d'exil, des
bas-fonds du Jazz District de Seattle jusqu'au sauvage Alaska et au Yukon des
trappeurs...
Avis de
Marie
Les éditions Charleston ont su diversifier leur catalogue
pour nous proposer de belles pépites. Cependant, comme dans toute diversité, il
faut bien répondre à tous les goûts, certains lecteurs préférant tel ou tel
type d’histoire. En procédant ainsi, en
tant que lectrice assidue de ces éditions, on prend forcément le risque de
rencontrer des ouvrages qui nous plaisent moins, voire pas du tout. Et c’est
exactement ce qui m’est arrivé avec Ailleurs
plus loin…
Ailleurs plus loin
nous emmène sur les traces de Lillian,
réfugiée juive de Russie ayant fui le massacre de sa famille, pour se rendre à
New York où, elle espère, elle pourra réaliser ses rêves. Vivant dans des
conditions lamentables, Lillian est une
battante et surmonte avec force et courage les épreuves qui s’imposent à elle.
Alors même qu’elle commence à retrouver une certaine stabilité, une nouvelle bouleversante lui est
annoncée : sa fille Sophie serait en vie, quelque part en Sibérie. Lillian n’hésite pas une seule seconde
et part à la recherche de son enfant
qu’elle croyait avoir définitivement perdu. Sur sa route, bien des épreuves
l’attendront et il ne lui faudra reculer devant rien pour ne pas voir son
chemin barré. Heureusement, ce voyage
sera également riche en rencontres, souvent mauvaises, parfois bonnes mais
toujours inoubliables.
Ce roman avait, a priori, tous les éléments pour en
faire une belle fresque, forte en émotions. Sauf que… Ça n’a pas pris avec moi.
Mais vraiment pas ! Amy Bloom n’a pas réussi à me faire ressentir toutes
les émotions qui auraient dû aller de paire avec ce récit pourtant plein de
rebondissements. J’ai trouvé Lillian particulièrement froide, nous tenant sans
cesse à distance. Se protégeant du monde
extérieur, Lillian s’est réfugiée en elle-même afin de ne pas être une seule
fois détournée de son objectif : retrouver sa fille. Sauf qu’en se
protégeant ainsi, elle tient aussi bien à distance le monde extérieur que le
lecteur. Parti pris de l’auteur certes, mais je n’y ai pas adhéré. Seul point positif de cette lecture :
les quelques focalisations sur certains personnages secondaires rencontrés au
gré des pérégrinations de notre héroïne, pour l’essentiel des femmes. Toutes
connaissent une vie mouvementée et Amy Bloom s’attache une fois de plus à nous
montrer comment par la force de leur caractère et de leurs convictions, elles
parviennent (ou pas) à s’en sortir. Malheureusement, encore une fois, j’ai eu
du mal à m’attacher aux personnages, d’autant plus que la fin du roman m’a
énormément déçue.
Ailleurs plus loin est une déception et c’est avec beaucoup de
difficultés que je suis allée jusqu’au bout de l’histoire. L’histoire ne m’a
pas paru bien originale et son traitement n’a pas réussi à se démarquer
suffisamment d’autres romans du même genre. Les personnages, froids et
distants, pour ne pas dire superficiels pour certains d’entre eux, souffraient
d’un manque de crédibilité, ce qui n’a pas réussi à me convaincre.
Extrait
« Lillian
s’essuie le visage et les mains avec des feuilles de bouleau. Elle ôte ses bottes
et se tient, pieds nus, dans un tas de feuilles mortes. Elle presse son visage
contre un arbre et sent l’écorce marquer sa joue. Elle a déjà cru plusieurs
fois qu’elle ne survivrait pas, que le désespoir l’abattrait, qu’elle tomberait
sur place, mais elle se trompait. Ce qu’elle a vécu était terrible, mais ce
n’était rien comparé à ce qu’elle vit maintenant. Elle tend les bras devant
elle, comme un nageur, pour écarter les branches basses. Elle cherche un
endroit où s’allonger. Dans le bois, la lumière vacille, verte et dense. Elle
entend au-dessus de sa tête un pic-vert tambouriner, puis, non loin d’elle, un
froissement de branches. C’est la main de John qu’elle voit en premier. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire