Le Temps de l'Innocence

Auteur : Edith Wharton
Titre VO : The Age of Innocence
Traduction : Madeleine Taillandier
Genre : classique

Éditions : Archipoche
Publication : 30 Août 2017
Pages : 312

Prix : 7,80€ (poche) – 6,99€ (ebook)

Résumé
Héritier élégant et cultivé, Newland Archer est l’un des meilleurs partis de New York. Chacun attend de connaître la date de son union avec la prude et ravissante May Welland, issue du même monde. La seule difficulté, pour lui, consiste à annoncer ses fiançailles dans le respect des convenances et du « bon ton ».

Tout est déjà réglé quand, un soir à l’opéra, le jeune homme reconnaît dans la loge des Welland la comtesse Ellen Olenska, de retour dans sa famille après l’échec de son mariage en Europe. Dans la haute société new- yorkaise, hantée par la peur du scandale, les mœurs et les idées d’Ellen suscitent une muette réprobation. Mais elles exercent sur Newland un attrait irrésistible...



Avis de Marie
Classique de la littérature américaine, Le Temps de l’Innocence est un roman paru en 1920 dans lequel Edith Wharton nous fait partager son regard acerbe sur une société new-yorkaise qui peine à s’adapter aux changements.

Newland Archer est un héritier de la haute société de New York. Promis à la jolie May, elle aussi issue du même monde, il n’a pour seul souci que l’annonce de ses fiançailles. Le reste ne peut que couler de source : une vie bien rangée, dont le respect des convenances a déjà tracé le chemin. Jusqu’au jour où la Comtesse Olenska surgit dans sa vie et avec elle, l’ombre du scandale. Soucieux de l’aider dans ses difficultés, Archer va se surprendre à se laisser entraîner sur les pentes d’une passion dangereuse dans ce monde où tout est codifié. Pourtant, il ne peut résister…

L’auteur nous dresse un tableau d’une société qui se veut bien plus moderne que celle de l’Ancien Monde, bien au-dessus de ces valeurs séculaires et qui pourtant, malgré tous ses efforts, ne parvient pas – ne veut pas – à s’en détacher. À bien des égards, elle se révèle aussi conservatrice et puritaine, engluée dans la même hypocrisie. Orgueilleuses et vaniteuses, ses élites sont engoncées dans des coutumes et traditions auxquelles il ne fait pas bon déroger. L’arrivée de la Comtesse Ellen Olenska tout droit d’Europe, va venir remettre en cause la vision idéalisée d’Archer. Certes, le jeune homme ne se leurrait pas sur les failles et incohérences du système, mais il s’en accommodait relativement bien. La perspective de son mariage avec la belle et douce May l’enchantait. Représentative du monde dans lequel il vit, l’élite américaine à la fortune bien établie depuis plusieurs générations, il n’a aucun doute sur ses sentiments. Respectueuse des convenances, il sait qu’après son mariage, ils pourront vivre leur amour passionnément. Les conventions sociales ne sont qu’une barrière protectrice que le mariage leur permettra de franchir en toute sécurité. Cela ne l’empêche pas cependant de tenter le tout pour le tout et de vouloir précipiter le mariage. Avances classiques et convenues que l’on attend de tout fiancé transi d’amour ? May n’en attend pas moins de son fiancé, le souci des apparences et le respect des convenances étant primordiaux. Ou sincérité sentimentale écartée et dénigrée par souci du qu’en dira-t-on ? Là, Archer va pouvoir mesurer à quel point il est dangereux de vouloir s’écarter du droit chemin des règles établies. Mais pour lui, il ne s’agit ni plus ni moins que de vivre librement, de rendre le poids de la société moins pesant, à défaut d’en briser les chaînes. En serait-il seulement capable…? Ces us et coutumes séculaires n’offrent-ils pas un carcan protecteur et réconfortant où chacun est assuré de sa place et de son avenir ?

La venue de Mrs Olenska va bouleverser cet ordre bien établi et les certitudes d’Archer. Sa vie si bien arrangée va être balayée et complètement remise en cause. Aux antipodes de ce qu’il connaît, Ellen a de quoi faire jaser. Pire, il s’agit d’une Américaine ! Une enfant du pays, qui a osé se détourner de la bienséance propre aux New-Yorkais. Enfin… ce n’est pas sa faute, après tout, elle était bien jeune quand elle a perdu ses parents et confiée à une parente un peu folle. Il faut l’aider à retourner sur le droit chemin. Sauf que… Elle a osé quitter son mari et - crime absolu - a eu l’outrecuidance de demander le divorce ! Aux Etats-Unis, on dit que celui-ci est permis. Oui, mais toléré ? Ça, c’est une autre histoire !

Confronté à deux visions différentes, deux mondes incarnés par deux femmes si radicalement opposées et qui pourtant n’aspirent qu’à la même chose, le bonheur, Archer va douter. Doit-il se laisser entraîner par son inclinaison pour la Comtesse ? Doit-il céder à la passion ? Une vie avec May, serait-ce une vie de laquelle la passion serait absente ? Ne pourraient-ils pas vivre intensément comme semble le promettre une vie aux côtés d’Ellen ? Passion contre raison, conflit sentimental bien classique mais dont l’issue n’est jamais certaine.

Edith Wharton nous fait là une chronique acerbe et emplie d’ironie de la vieille société new-yorkaise. Cynique aussi mais toujours subtile. Roman d’une passion impossible, chronique d’une élite en perdition, Le Temps de l’Innocence nous montre une société vieillissante qui ne peut plus se permettre de vivre dans ses illusions.

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