Auteur : Tom Noti
Genre : roman
Éditions : Paul & Mike
Publication : 25 Novembre 2016
Pages : 256
Prix :
16€ (broché) – 4,99€ (ebook)
Résumé
François, Hervé, Gabriela.
Ils sont trois dans la salle d'attente d'un psychologue grenoblois.
Trois personnes qui ne se connaissent pas.
Bloqués, ils attendent... Dehors un terrible accident de tramway a plongé le quartier dans l'obscurité. Aucun d'entre eux ne sait quand cela prendra fin, tandis qu'un invité surprise joue avec leurs nerfs.
Dans ce roman à huis clos, Tom Noti entraîne ses personnages dans une introspection croisée donc aucun ne sortira indemne. L'attente, l'angoisse, la peur de l'autre redistribuent les cartes et révèlent de douloureux passés, courbant même la trajectoire de ces existences toutes tracées.
Avis de Marie
Pour se décider à aller consulter un psychologue,
c’est qu’on se dit que quelque chose ne va pas dans notre vie et qu’on a admis que sans l’aide d’une personne
extérieure, ça allait être compliqué de surmonter ce quelque chose qui ne va
pas. Tous ne ressentent pas ce besoin d’aller discuter de leurs problèmes
personnels avec un expert. Dans l’esprit de beaucoup d’ailleurs, les
psychologues sont de sacrés charlatans ! Et même si force est d’admettre
que certains méritent bien ce titre, ce n’est pas toujours le cas. Mais pour ces trois naufragés de la salle
d’attente que sont François, Gabriela et Hervé, l’intervention du Docteur
Vignier ne peut être que bénéfique. Du
moins essaient-ils tous trois de s’en convaincre. Une coupure générale
d’électricité dans le quartier va leur laisser tout le loisir de réfléchir aux
raisons qui les ont poussées à se rendre au cabinet aujourd’hui.
François est là pour sa fille. Du moins, c’est ce qu’il pense et ce qu’il dit à
ses compagnons de fortune. Gabriela est
là sur les conseils de son amie. Personne n’a réussi jusqu’ici à l’aider à
soigner ses blessures. Que perd-elle à prendre un rendez-vous ? Hervé voulait seulement faire une pause
pipi avant son entretien à l’étage au-dessus. Un accident de tramway va
provoquer une grosse panne d’électricité
dans le quartier, bloquant à l’intérieur
de la salle d’attente les trois compères. Les portes électriques, c’est
bien pratique, sauf quand il n’y a plus d’électricité ! Alors on rentre
dans un roman à huis clos où les
trois personnages vont tour à tour nous livrer leurs pensées pour finalement
gagner en confiance et se livrer un peu plus aux autres. Jeu de dupes ? Peut-être. Mais qui essaient-ils de duper ?
Les autres ou eux-mêmes ? Gabriela, Hervé et François, trois
personnages aux personnalités opposées mais qui, par bien des points, se
ressemblent tellement. Perdus et en manque de repères, ils attendent tous du
Docteur Vignier une parole
salvatrice. Enfin, Hervé, lui, il n’est pas malade, non, non, lui, c’est
juste par accident qu’il s’est retrouvé ici. Vraiment ?
Habituellement, je ne suis
pas fan de ce type de roman. Je redoutais une ambiance pesante et une intrigue
qui tourne en rond. Au final, j’étais loin du compte et quelle surprise ! Les naufragés de la salle d’attente est une petite pépite. Derrière ces
quelques 250 pages, c’est un roman bien plus profond et complexe qu’il n’y
paraît et qui emmène le lecteur dans un récit
intimiste où chacun se dévoile complètement. Vaincre ses propres démons n’est pas aisé quand on sait que notre pire
ennemi n’est rien d’autre que nous-même. Gabriela, François et Hervé ont
tous ce point commun. Pourtant, ils ont eu des vies bien différentes, l’une
étrangère, l’autre fils d’immigrés et le dernier issu de la bonne petite
bourgeoisie. Mais quand on est perdu, tout ça, ça ne change rien. Il faut
savoir lâcher prise et enfin se faire face. L’accident du tramway va les y
obliger. L’obscurité éclaire leur passé, leurs douleurs, leurs peurs. À eux de
laisser la lumière entrer dans leur vie. Les petits mensonges et lâchetés du
quotidien, tout ça finit un jour par nous rattraper. Non, ils ne visent pas la
sanctification mais le bonheur. Or est-il possible d’être heureux tout en
restant fidèle à soi-même ? À ses principes ? Sur qui
s’appuyer ? Il lupo perde il pelo ma non il vizio (le loup perd le poil mais pas le vice). Au fond, on est ce qu’on
est. Inutile de se forcer à changer pour rentrer dans un moule, pour se
conformer à un idéal qui ne nous correspond pas.
Les naufragés de la salle d’attente est un
roman qui se dévore d’une seule traite. Efficace et réaliste sur bien des
points, il emmène le lecteur dans le passé de personnages somme toute banals au
possible mais criants de vérité dans leurs craintes et leurs espoirs dont de
jolies touches d’humour viennent agrémenter les pages. S’il faut commencer 2018
avec un roman, c’est bien celui-ci !
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