Auteur : Éric Le Nabour
Genre :
drame
Éditions :
Charleston
Publication :
mars 2017
Pages : 400
Prix : 8,50€
Résumé
Kyoto, 1904
Depuis l'assassinat de ses parents, riches industriels de la
soie, Myako Matsuka subit la tutelle de son frère Naoki. Lorsque celui-ci part
pour le front de la guerre russo-japonaise, elle doit gérer seule l'entreprise
familiale. Myako découvre alors avec horreur les conditions de travail des
ouvrières et n'hésite pas à transgresser les consignes de son frère, révélant
un tempérament fier et indépendant. Mais l'amour trouble qu'elle porte à un
diplomate anglais, Allan Pearson, de même que l'intrusion dans sa vie d'un
jeune Français passionné d'estampes, Martin Fallières, vont brouiller les
cartes. Torturée par le mystère de la mort de ses parents, déchirée entre ses
instincts amoureux, ses responsabilités professionnelles et la fidélité qu'elle
doit à sa famille, Myako va devoir choisir. Des choix douloureux qui feront
éclater une vérité non moins tragique sur son passé et orienteront son avenir
dans un sens bien différent de celui qu'elle envisageait.
Avis de Marie
Dans un Japon encore
marqué par la féodalité et le système patriarcal, il est difficile pour une
femme désireuse de liberté de trouver sa place. Myako, placée sous la tutelle de son frère après la mort de ses
parents, se voit pourtant confier du jour
au lendemain les rênes de l’entreprise familiale. Or, cette décision de son
frère Naoki, juste avant son départ pour la guerre contre la Russie, représente
un risque considérable aussi bien pour l’entreprise que pour sa famille. C’est
pourquoi la jeune femme sera appuyée dans sa lourde tâche par son second,
Tanaka. Mais pourra-t-elle se fier réellement à lui ? Rien n’est moins
sûr… Transgressant les volontés de Naoki
et Tanaka, Myako va prendre les choses en main… à sa manière !
Cependant, dans une société où le rôle
de la femme ne se définit que par la soumission, ses décisions risquent
bien de faire vaciller toute l’entreprise. D’autant
plus que l’intrusion dans sa vie de deux étrangers, l’un Anglais (Allan
Pearson), l’autre Français (Martin Fallières) va venir bouleverser un quotidien déjà mouvementé. Myako devra
faire des choix, c’est certain. Mais sera-t-elle
prête à certains sacrifices ?
La Dame de Kyoto
m’a laissé un sentiment assez partagé.
Je ne peux pas dire que ça a été une mauvaise lecture, loin de là, mais pour
autant on ne peut pas dire non plus qu’on a frôlé le coup de cœur. L’histoire
en elle-même est intéressante : il y est question de l’émancipation de la femme dans une société encore très patriarcale,
vu à travers la vie de Myako, une jeune Japonaise qui n’aspire qu’à un avenir libéré des conventions.
Rajoutez-y une petite histoire d’amour
compliquée (forcément, sinon ce n’est pas drôle) et vous aviez-là de quoi
faire un roman plutôt pas mal. Mais voilà, Myako…
Qu’est-ce qu’elle est insupportable celle-là ! Plus une enfant mais
une jeune femme adulte voulant prendre ses responsabilités, j’ai été étonnée de
voir à quel point elle se révélait immature
et irresponsable à plus d’une reprise. Faisant
tout pour être considérée comme une adulte, elle se comporte sans cesse comme
une enfant trop gâtée ! Ne
tolérant aucun refus, elle ne se bat jamais pour obtenir ce qu’elle veut. Un
vrai paradoxe à elle toute seule !
Heureusement, d’autres personnages viennent contrebalancer
le côté détestable de Myako, à commencer par Martin Fallières. Français expatrié suite à une déception
amoureuse, il est à la recherche des
meilleurs artistes afin d’apprendre tout l’art de l’estampe. C’est auprès
de Myako qu’il sera envoyé. Mais la
jeune femme acceptera-t-elle de lui enseigner son savoir ? D’autant plus
qu’Allan Pearson, diplomate anglais, semble
bien déterminé à mettre la main sur le cœur (et le corps !) de Myako et,
pour ce faire, à écarter tout rival potentiel. Encore faudrait-il que Myako
daigne jeter ne serait-ce qu’un seul regard au Français… Martin Fallières,
un rival ? Pfff…
C’est ce comportement,
souvent ingrat, égoïste et immature de Myako, qui pousse à l’exaspération,
tant ça en est complètement incohérent
avec l’image qu’elle souhaite renvoyer : celle d’une femme forte,
maîtresse de ses émotions et de sa vie. Naoki, présenté comme un personnage fort peu sympathique dès les
premières pages est pourtant l’un de ceux que j’ai préféré : fort et déterminé, il assume jusqu’au bout
les conséquences de ces actes, qu’elles soient plaisantes ou pas. De même, si Martin peut sembler lâche et timide, il
n’en est rien en réalité et c’est avec beaucoup de surprise qu’on le voit
évoluer au fur et à mesure des épreuves. Allan
Pearson quant à lui est au fond exactement l’image qu’il renvoie :
séducteur, intelligent, il est prêt à tout pour réussir, y compris à prendre
les paris les plus audacieux. Myako sera-t-elle un nouveau trophée à
rajouter à son tableau de chasse ou bien la belle Japonaise parviendra-t-elle à
lui ravir son cœur de Don Juan ?
Si j’ai apprécié le
développement de certains personnages plus que d’autres, je n’ai pas vraiment
été satisfaite de la fin, que je ne trouvais pas méritée pour certains…
Mais bon, c’est le choix de l’auteur et on ne peut pas tout
avoir ! ;)
La Dame de Kyoto
c’est aussi une invitation au voyage
avec de nombreux termes japonais que
l’auteur prend soin de nous expliciter dans de petites notes au fil des pages. Si j’ai pu lire sur certains avis qu’il y
avait visiblement des erreurs quant aux définitions, je vous avoue que ma
connaissance de la langue n’est pas assez développée pour que je puisse le
confirmer ou pas. Et je vous avoue que, emportée par le récit, je n’ai pas eu l’envie d’aller chercher si les
définitions étaient toutes exactes ou pas. Certes, cela agacera sûrement
les connaisseurs mais pour les personnes comme moi, ça ne gênera en rien la lecture.
La Dame de Kyoto est un roman qui nous emmène à la découverte du
Japon du début du XXème siècle, dans une société encore marquée par la
tradition. D’une plume délicate, Eric Le Nabour nous mène à la rencontre de ses
habitants et de ces étrangers qui ont participé aux profonds changement du
pays.
Extraits
« Jamais je n’ai
pu mener la vie que je souhaitais, encore moins être heureuse. Je mourrai donc
sans avoir rien vécu ni rien appris. Mais il y a une chose dont je suis sûre, c’est
que tous, absolument tous, nous avons peu de temps. Chaque minute est comme le
grain de sable qui s’écoule d’un sablier avec une vitesse toujours croissante.
Nous avons beau essayer de retenir les heures, elles passent inexorablement. »
« Vous croyez à
la justice, Martin ? Alors, vous serez bien malheureux qu’il n’en existe
aucune. Nous sommes jetés dans le grand tourbillon de la vie d’un point de
départ que nous ignorons et, pendant le temps que dure cette vie, nous marchons
vers une absence. Tous nos actes seront oubliés, tous nos péchés envolés, tous
nos bienfaits inutiles. Il n’y aura plus que le silence et, au dernier moment,
je le crains, le regret de ne pas avoir été soi. »

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